ORTHOGRAPHE

 

1539 : l'ordonnance de Villers-Cotterêts

Cette décision royale de François 1er consacre définitivement l'adoption du français comme langue administrative, en remplacement du latin. L'ordonnance impose une pratique installée et des efforts entrepris depuis le XIVe siècle pour faire du français la langue des actes de droit, malgré la résistance des hommes d'Eglise, et de certains clercs et juristes.
L'article 11 de l'ordonnance dit en substance : « Nous voulons que doresenavant tous arretz ensemble toutes aultres procedeures, soient de nous cours souveraines ou aultres subalternes et inferieures, soient de registres, enquestes, contractz, commisions, sentences, testamens et aultres quelzconques actes et exploictz de justice ou qui en dependent, soient prononcez, enregistrez et delivrez aux parties en langage maternel francoys et non aultrement. »

1634 : naissance de l'Académie française

La célèbre institution est fondée par le cardinal de Richelieu avec pour mission de « travailler avec tout le soin et toute la diligence possible à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences ». Cela passe par le recensement des mots, des tournures et des prononciations, et donc par l'élaboration d'un dictionnaire qui fixera l'usage de la langue. Le travail fut néanmoins très lent et la première édition parut en 1694. Depuis lors, les différentes éditions successives serviront à normaliser l'usage et l'orthographe du français.

1835 : 6e édition du dictionnaire de l'Académie

Cette édition apporte des changements majeurs à l'écriture du français, notamment en consacrant le passage de la graphie oi à la graphie ai. Ainsi je connois le françois devient je connais le français.

1878 : 7e édition du dictionnaire de l'Académie

Plusieurs graphies sont modifiées, dans des mots comportant des lettres accentuées (è, é, ë), des y ou le groupe th.

1990 : dernière tentative de réforme de l'orthographe

A cette époque, le Premier Ministre Michel Rocard met en place le Conseil Supérieur de la Langue Française qui remet un rapport sur les rectifications de l'orthographe. Tout en approuvant à l'unanimité les propositions du CSLF, les académiciens consultés indiquent qu'il ne s'agit que de recommandations : « L'orthographe actuelle reste d'usage ». Les rectifications concernent essentiellement la suppression du trait d'union dans certains noms composés, le pluriel des noms composés, le retrait de l'accent circonflexe sur les lettres i et u, et la correction d'anomalies dans certains mots et verbes.
Le rapport du CSLF est publié au Journal Officiel en décembre 1990, et en juin 2008, le Bulletin officiel de l'Éducation nationale hors série n°3 indique que « l’orthographe révisée est la référence ». Malgré cela, les rectifications orthographiques de 1990 sont peu mises en œuvre, y compris par les dictionnaires Robert et Larousse, et provoquent des polémiques régulières, alors qu'en Belgique et au Canada, la réforme est définitivement rentrée dans les mœurs.

2016 : l'orthographe réformée dans les manuels scolaires, ça ne passe pas

En février de cette année, à l'occasion de la sortie de manuels scolaires utilisant l'orthographe réformée de 1990, une polémique éclate entre la ministre de l'Éducation et la secrétaire perpétuelle de l'Académie française. Puis la polémique se déplace sur les réseaux sociaux, où la question (irrationnelle ?) de la disparition de l'accent circonflexe occupe une bonne place. La suite sur notre blog.

2017 : la polémique de l'écriture inclusive

Un débat houleux prend forme à la rentrée scolaire 2017, à la suite de la parution d'un manuel scolaire écrit en écriture inclusive et de l'intervention de militants en faveur du « point milieu ». Prise de vitesse et de panique, l'Académie française finit par déclarer que cette écriture mêlant le masculin et le féminin représente un "péril mortel" pour la langue française. Nous y avons consacré un article sur notre blog.

2018 : l'accord du participe passé avec le verbe avoir

Soyons honnêtes : il s'agit là plus de grammaire que d'orthographe. Et sur ce point, l'Académie Française est hors course, n'ayant jamais réussi en 4 siècles d'existence à mettre sur pied une grammaire décente et opérationnelle.
En Belgique, la fédération Wallonie-Bruxelles, en accord avec ses instances linguistiques, envisage depuis peu d’instaurer l’invariabilité du participe passé avec l’auxiliaire avoir. On ne dirait plus "les gaufres que j'ai mangées" mais "les gaufres que j'ai mangé", et on reviendrait ainsi à la règle qui prévalait au Moyen Âge avant que Clément Marot, poète officiel de la cour de François 1er, rapporte cette nouvelle règle d'un séjour en Italie. Au départ introduite comme une marque de distinction intellectuelle, cette règle s'est peu à peu imposée dans la grammaire française. Et il fallait s'y attendre, la proposition belge n'est pas du tout du gout des intellectuels français, pour qui la langue française demeure un tabou intouchable.

2019 : la féminisation des noms de métiers

En février de cette année, l'Académie se résout enfin à accepter que l'on féminise les noms de métiers, de fonctions et de grades.
Dans un rapport prudent, l'institution se prononce en faveur d'une généralisation progressive des noms de métiers au féminin, sans toutefois "légiférer". Pas de règle normative ou de portée générale, le rapport n'émet que des préconisations. Pour les Immortels, ce sera donc à l'usage de s'imposer, au cas par cas...sauf qu'ils n'ont pas l'air de se rendre compte que l'usage ne les a pas attendus : la féminisation des noms de fonctions est une affaire réglée depuis belle lurette chez nos amis québécois, belges et suisses.
Il faut malgré tout saluer l'engagement de l'académicienne et écrivaine Dominique Bona, qui a défendu ce dossier auprès de ses collègues masculins largement majoritaires (31 hommes sur 35 académiciens, en 2019).

Et pour finir, deux linguistes belges nous proposent leur vision de l'orthographe du français :

DÉFINITIONS

Depuis Tristan Bernard, l'intérêt des mots croisés réside non seulement dans le croisement et l'agencement subtil des mots dans une grille, mais également dans le caractère mystérieux, alambiqué ou amusant des définitions utilisées pour trouver ces mots.

DICTÉES

Pour ceux qui souhaitent aller au-delà des jeux de lettres, et s'adonner à l'art difficile (surtout en langue française) de l'orthographe et de la grammaire, il faut bien sûr se tourner vers l'exercice de la dictée. Tout le monde connait bien sûr les dictées de Pivot, mais il en existe d'autres :

Pour consulter des sites consacrés plus directement à l'orthographe, vous pouvez consulter notre page Dictionnaires.

mentions légales